|
| |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
5 Formules BBP : La technique
qui, comme on le sait maintenant, va bien au-delà de sa forme simple en proposant une méthode pour atteindre le n-ième digit de Pi sans connaitre les précédents. Mieux, elle révolutionne la vision de Pi en l’inscrivant parmi les constantes dont on peut générer les décimales quasiment comme un système dynamique chaotique, ce que Bailey et Crandall ont traduit par leur célèbre conjecture de l’an 2000 [11] reliant le concept de normalité à celui de passage d’un digit au suivant. En plus de la fonction
5.1
| ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() | (32) |
Ainsi
Pour
signalons que la convergence est normale sur le disque unité fermé.
On dispose de la représentation intégrale suivante
![]() | (35) |
qui permet de prolonger le polylogarithme, pour
sur
en une fonction holomorphe.
Les polylogarithmes peuvent également être définies par des intégrations successives, en effet
![]() | (36) |
ainsi
![]() | (37) |
et par exemple
![]() | (38) |
Les premières valeurs remarquables sont
pour
où
est la fonction zéta de Riemann
En particulier
![]() | (Euler) |
Pour
où
. En particulier
Remarque 1 On connaît la valeur exacte de
et de
On a sur
,
. Ce qui prouve
la formule de duplication, lorsque les trois termes ont un sens :
![]() | (45) |
![]() | (46) |
Cette égalité permet de prouver par dérivation l’identité d’Euler pour le dilogarithme
![]() | (47) |
En particulier avec
on obtient le résultat suivant, dû à Euler
![]() | (Euler) |
Formules de Landen On dispose également de la relation suivante dite identité de Landen (que l’on prouve par dérivation)
![]() | (48) |
Cette identité se prolonge sur
Valeurs particulières
Avec
où
est le nombre d’or (qui vérifie
), puisque
dans ce cas, on
obtient
![]() | (49) |
Mais la formule d’Euler fournit
![]() | (50) |
et le formule de duplication
![]() | (51) |
En combinant les trois résultats, on obtient
Valeurs complexes
L’identité de Landen se prolonge par analycité à
Avec
on obtient
![]() | (54) |
![]() | (55) |
Cette formule se déduit des identités d’Euler et de Landen pour le dilogarithme après dérivation.
On déduit de l’identité de Landen pour le trilogarithme les valeurs remarquables suivantes :
![]() | (56) |
![]() | (57) |
La représentation intégrale (35) donne immédiatement
![]() | (58) (59) |
De même
Commençons par simplifier les notations ! Il serait bon en effet de pouvoir parler d’une formule BBP sans à chaque fois recopier la formule...
Gery Huvent a ainsi proposé de noter
la somme
, pour
.
La formule de Plouffe s’écrit alors
Ca simplifie tout de même !
On se propose dans cette section de convenir des intégrales équivalentes aux séries BBP. Il est en effet souvent plus simple de passer par le calcul d’une intégrale pour trouver le résultat d’une série !
Ainsi, de l’égalité
,
et
,
![]() | (62) |
on déduit que si
alors
![]() | (63) |
De la même manière,
Maintenant, l’on se doute bien que ce n’est pas forcément ce type d’intégrale que l’on saura calculer, et donc dont on pourra déduire des
formules BBP, mais on aura affaire plus sûrement à une intégrale du type
. Mais toute l’astuce est
là !
En effet, si
divise
où
Ceci permet, lorsque l’on sait
calculer l’intégrale
, d’en déduire une formule BBP. Le même type de remarque s’applique si
divise
.
Maintenant, parlons des polylogarithmes. La remarque ci-dessus est valable dans le cas où
divise
pour extraire des séries
BBP. Mais pour le calcul de l’intégrale ? Eh bien on peut avoir recours à une décomposition en éléments simples de
pour se ramener à
des intégrales connues. Et c’est là qu’interviennent les polylogarithmes.
On rappelle l’expression intégrale du polylogarithme d’ordre
pour un complexe
non nul de module inférieur à
.
![]() | (68) |
Ceci permet, après décomposition en éléments simples de
, d’exprimer une intégrale du type
comme somme de
polylogarithmes.
et polylogarithmesEn plus de la relation évidente
, le paragraphe précédent met en lumière que la décomposition d’une fraction rationnelle
dans l’intégrale
permet de se ramener d’une formule BBP à des polylogarithmes. Mais d’autre part,
la formule (64), dont on a vu le lien direct avec les formules BBP si l’on a un polynôme
divisant
, s’écrit
également
c’est-à-dire sous forme d’une combinaisons de fonctions
. En fait, les formules BBP ne sont rien d’autre que des combinaisons de
fonctions
où le paramètre
ne bouge pas et est une puissance inverse d’un entier.
Ainsi, la formule de Plouffe s’écrit
A partir de là, et aux ordres supérieurs à 1
, nous avons tous les maillons pour faire correspondre les polylogarithmes avec les
formules BBP et maintenant les fonctions
.
A ce stade, il faut remarquer que les polylogarithmes sont du style
tandis que les formules BBP
utilisent plutôt des séries du type
. Intuitivement, au lieu d’avoir le paramètre
comme la
relation
le laisse penser, les polylogarithmes vont pouvoir se ”développer” en fournissant des relations
linéaires entre fonctions
où
, bref des formules BBP. Dans cette présentation avec les paramètres de la fonction
, on voit bien que c’est une sorte de généralisation des arctan puisque l’on n’a plus
mais plus généralement
.
Cette formulation a permis de montrer que l’on pouvait en base
et
calculer n’importe quel digit des constantes résultats de ce type
de séries, sans connaitre les précédents. Pourquoi ? Je vous l’expliquerai un peu plus tard sur la page consacrée à Plouffe mais de manière
intuitive, on peut remarquer que le développement en base 10 d’un nombre
est
avec
entier entre 0 et 9. Donc
en considérant des séries du genre
on n’est pas loin du développement en base 2 ! il suffit de pouvoir calculer les décimales
à un certain endroit de
.
Et c’est ce qu’il s’est passé non seulement avec
mais aussi plein d’autres constantes autour de
, la fonction
de Riemann
etc...
En outre, on pourra remarquer que ce sont des séries rationnelles et donc en tant que telles des proies idéales pour un calcul simple des
décimales de Pi. On sait de plus immédiatement grâce au terme
de la série combien de décimales on peut obtenir en pratique avec n
termes de la série. En fait, avec
décimales, dans ce cas on obtient
décimales (et même un peu plus compte tenu des termes en
).
Alternant des phases d’intensives explorations avec des phases plus calmes, la recherche dans cette direction a été fertile ! Quelques éléments dans les paragraphes qui suivent.
De manière synthétique, Gery Huvent a mis en avant quelques intégrales utiles à la décomposition dont le paragraphe précédent parle. Nous les présentons ici, avec leurs applications à la recherche de formules BBP. Ce texte reprend à quelques adaptations près l’article de Gery Huvent [12] qui est on ne peut plus fondamental !