Depuis plus de 15 ans, ces deux-là ont révolutionné la recherche
sur Pi ! Après l'algorithme à convergence quadratique trouvé par Brent/Salamin en 1976, ils ont alors pratiquement monopolisé les découvertes
de séries. Quadratique, cubique, quartique, nonique... la vitesse de convergence
ne s'est plus arrêtée depuis !
En fait, ils ont prouvé il y a quelques années qu'un algorithme à vitesse n-ique convergeant vers Pi existe pour tout n entier... Mais la complexité des calculs s'accroit
très vite et il semble bien que l'algorithme à convergence quartique représente
le meilleur rapport complexité/rapidité... Il a d'ailleurs été
utilisé dans la plupart des records depuis sa découverte et notamment par
Kanada pour calculer les 206 milliards de décimales récemment.
Vous l'aurez compris, les Borwein représentent aujourd'hui avec le petit groupe
composé des Chudnovsky, Simon Plouffe, Garvan, Gosper et Bailey, le summum de la recherche active
sur Pi.
En ce qui concerne la preuve de ces formules, je me dois malheureusement de passer
outre le grand principe de ce site... Car ces démos sont déja transcrites
sur le web à l'adresse suivante : www.cecm.sfu.ca/organics/papers/garvan/paper/html/paper.html. Pour les gens allergiques à l'anglais (comme moi
!), la lecture d'une démo dans cette langue est toujours un peu pénible
et puis elle fait ici cruellement défaut à mon sens. Mais il faut reconnaître
aussi qu'il serait inutile de recopier bêtement 4 ou 5 résumés de démonstration sans pouvoir compléter
les intermédiaires de calcul (même si le principe est assez simple à
comprendre), n'étant pas du niveau d'un mathématicien...
Je retranscris donc seulement le résumé de la preuve pour le 3) (2e formule),
qui est parfaitement représentatif du principe des démonstrations utilisant
les équations modulaires... (voir la page conscrée à Ramanujan pour l'explication de
cette théorie et du principe de la démonstration)
Les techniques de cette démo font principalement
appel aux thêta fonctions, à la fonction êta de Dedekind et à
leurs propriétés.
1.1 Introduction :
Posons ainsi les thêta fonctions :
, r>0
On introduit ensuite la fonction des Borwein : rR+*,
Lorsque r
-> +, q -> 0 et .
Nous allons construire une infinité de suites p et trouver une relation entre p(N2r) et p(r) (comme le disent les Borwein, c'est une relation "agréable" si N=p
!)
2.1 Construction
des suites p
Pour cela, on pose q=exp(2i) et on considère la fonction êta de Dedekind :
on rappelle pour la suite la relation trouvée
par Euler :
2.2 Cette
fonction êta admet entre autre comme propriété :
2.3 Posons
par ailleurs :
2.4 et
posons enfin (ouf !) la fonction p définie par :
(facile à retenir, voyons...)
2.5 On
a :
Ap(r)=1+O(q)
2.6 et
d'après 2.2,
On a alors
(toutes ces précédentes relations sont très difficiles à trouver
mais heureusement vraies (!) et le principe est intéressant...)
2.7 Donc
pour r=1
on a (ne
dépend pas de
!!)
2.8 On
a de plus, de même que pour :
3.1 Relation
entre p(N2r) et p(r)
Soient N,p1, on obtient
:
Relation exceptionnelle sur laquelle sont basés tous ces algorithmes !!
3.2 D'après
2.4,
on a :
(La série utilisée s'appelle la série d'Eisenstein E2(q))
3.3 D'après
3.1,
on a encore :
3.4 et
donc pour N=p on a d'après 3.1 :
or d'après 3.1 et 2.6 on a :
mp,p()=p
3.5 On trouve
donc pour r= et d'après 2.6 :
p()=
(Tiens, ne serait-ce pas un bon point de départ
pour =0,318... !!)
4.1 Construction de la suite
On pose
n=p(r0 p 2n)
r0 p 2n -> +
lorsque n -> +
donc n ~
car p(r0 p2n) ->
d'après 2.8.
on pose également
mn=mp,p(r0
p2n)
Cette écriture n'étant pas ce que l'on
peut appeler le plus pratique, on va donc chercher une relation entre n et n-1 sachant que :
0=p(r0) pour r0=, donc 0=.
La première partie de l'étude générale est terminée. Pour
construire les algorithmes, la suite consiste à choisir un p particulier et puis
d'introduire des formes modulaires a(q), b(q) et c(q). L'existence d'une relation entre a(q), b(q), c(q) et a(qp),
b(qp), c(qp) nous fournit l'équation modulaire
a p+b p=c
p
(non, non, ce n'est pas le théorème de
Fermat !!)
En définissant :
, on a
sp+(s*)p=1 et les relations entre s, s* et nous fournissent l'algorithme...
Application à l'ordre 2 (p=2) :
5.1 Définitions :
D'après 3.2,
on a A2(q)=2P(q2)-P(q)=34(q)+24(q) d'après 1.1 et 3.2
Posons par ailleurs :
5.2 a(q)=34(q)+24(q)
5.3 b(q)=44(q)
5.4 c(q)=222(q)32(q)
L'équation modulaire associée est :
5.5 a2=b2+c2
D'après 3.1
on a donc :
5.6
Puis d'après 5.2 à 5.5, on trouve (pas facilement) :
5.7 et
5.8 a(q)=a(q2)+3c(q2)
En posant s
et s* comme définis plus haut, on en déduit :
5.9 et
5.10
, bien...
On a d'après 5.5 :
5.11
s2+(s*)2=1
D'après 5.9
et 5.6,
on a :
5.12
m2,2(r)=(1+3s(q2)) (pas trop dur, ça !)
et donc, d'après 5.10 et 5.9
D'autre part, d'après 3.4 et 5.12, on a
Or, de 3.4
et 3.5,
on sait que 2()= et m2,2()=p=2
et d'après 5.12,
2=1+3S(2)
donc S(2)=.
5.14
On a alors n=(4 n)
5.15
et sn=S(4n)
donc, finalement, on a 0=,
s1=S(2)=,
et
et d'après 5.13,
n=(1+3sn)n-1-2n-1sn
d'où on tire (enfin !) l'algorithme suivant
:
Ce qui est le plus frustrant dans cette démo,
c'est la simplicité du principe et l'horreur parallèle des calculs qui
n'apparaît pas ici puisque les résultats les plus difficiles sont admis...
Concernant les séries, j'ai la formule générale de formation de ces
séries et le principe, mais n'ayant pas tout compris, je vous laisse aller regarder
sur le site des Borwein :
La première série correspond au cas t=427 et la
seconde au cas t=1555.