John Machin
(1680 - 1751)
A retenir !
Tranches de vie
John Machin est un mathématicien assez peu
connu. Il est né en 1680 et fut professeur d'astronomie à Londres. Il découvre
en 1706
la formule =16arctan(1/5)-4arctan(1/239), ce qui, grâce au développement en série entière
de arctan connu depuis Grégory, lui permet d'obtenir la formule ci-dessus... Mais pour
les connaisseurs de l'histoire de Pi, Machin a joué un grand rôle, d'abord parce que
ce fut le premier à calculer 100 décimales au moyen de sa formule, mais surtout parce
qu'il a ouvert la voie à la recherche de formules d'arctan...
Autour de
Les formules d'arctan sont un moyen simple et rapide de calculer des décimales
de Pi.
Connaissant le développement arctan(x)= pour x entre -1 et 1, il suffit alors de trouver des combinaisons d'arctan donnant
/4=arctan(1).
Plus le terme à l'intérieur de la parenthèse d'arctan est petit, plus
la série associée converge vite. Aujourd'hui encore, on vérifie parfois
les calculs des décimales de Pi grâce à ce type de formule... Il est vrai que
l'extraction de racines carrées est toujours fastidieux et qu'une suite de rationnels
est bien utile...
Un des derniers records en date (51 milliards de décimales) a été vérifié avec la formule de Gauss.
Les autres formules d'arctan célèbres dont la combinaison est égale à (voir
historique) :
(convention x.arctan(1/y)->x*y )
16*5-4*239 |
donc, on l'aura retenu, elle est de Machin 1706 |
20*7+8arctan(3/79) |
Euler 1755 |
4*2+4*3 |
Euler ou Hutton 1776 tout le monde n'est pas d'accord... |
16*5-4*70+4*99 |
Euler, encore lui ! 1764 |
4*2+4*5+4*8 |
L. von Strassnitzky |
8*3+4*7 |
Charles Hutton 1776 puis Euler 1779 |
8*2-4*7 |
Hermann |
12*4+4*20+4*1985 |
S. Loney 1893 puis Störmer 1896 |
32*10-4*239-16*515 |
S Klingenstierna 1730 |
48*18+32*57-20*239 |
du grand Gauss lui-même ! |
48*38+80*57+28*239+96*268 |
Gauss à nouveau... |
24*8+8*57+4*239 |
Störmer 1896 |
Et par ordre d'efficacité... |
en facilité de Calcul |
44*57+7*239-12*682 |
85,67% |
22*28+2*443-5*1393-10*11018 |
88,28% |
17*23+8*182+10*5118+5*6072 |
92,41% |
88*172+51*239+32*682+44*5357+68*12943 |
93,56% |
100*73+54*239-12*2072-52*2943-24*16432 |
96,38% |
12*18+8*57-5*239 |
96,51% |
8*10-1*239-4*515 |
96,65% |
44*53-20*443-5*1393+22*4443-10*11018 |
97,09% |
17*22+3*172-2*682-7*5357 |
97,95% |
16*20-1*239-4*515-8*4030 |
99,13% |
61*38-14*557-3*1068-17*3458-34*27493 |
99,14% |
227*255-100*682+44*2072+51*2943-27*12943+88*16432 |
99,32% |
24*53+20*57-5*239+12*4443 |
99,61% |
127*241+100*437+44*2072+24*2943-12*16432+27*28800 |
99,92% |
4*5-1*239 |
100% |
On mesure le coût de calcul d'une formule telle que celle de Machin par 1/log(5)+1/log(239).
C'est le sens des pourcentages ci-dessus...
Je me suis moi-même amusé à chercher quelques formules et ai trouvé entre autres
128*107+128*122+28*239+96*268+48arctan(19/2167)
et
732*530+732*563+128arctan(3/2611)+332arctan(27/64589)+48arctan(53/55479)+
+64arctan(6/15617)+28arctan(6/15617)+28*9703+100*14633
qui sont d'un coût de calcul important mais à convergence rapide.
Le site le plus complet sur les arctan (et qui étudie l'efficacité de ces formules...)
est www.ccsf.caltech.edu/~roy/pi.formulas.html
Précision
Cherchons à estimer environ le nombre de termes
qu'il faut calculer dans la série pour obtenir d décimales justes de Pi. On peut observer d'après le développement de
arctan en série qu'il va falloir estimer n tel que , ce qui revient après simplifications à n>. Etant donné que, dans
la combinaison des arctan, c'est le terme où b est le plus petit qui prédomine, pour la formule de
Machin, on a alors n>0,72d, ce qui est à peu près bien respecté d'après
les essais...
Démonstration
Il serait fastidieux - et pour tout dire inutile
! - de démontrer entièrement la formule de Machin alors que le principe
est surtout important... Il suffit de connaître quelques résultats pour
entrevoir la démonstration complète ou le moyen de trouver des formules
similaires... Les voici :
1) arctan(a)+arctan(b)=
(par composition de tan et en évitant ab=1...)
2) (immédiat
par la formule précédente (1) )
3) +arctan(x) (toujours évident avec (1) )
4) avec
ai ,bi ,k entiers
si et seulement si (a1+ib1)(a2+ib2)...(an+ibn) a une partie imaginaire nulle.
(on remarquera que c'est le cas pour la formule de Machin avec ai=5, bi=1
pour i=1,...,16 et ai=239, bi=-1 pour i=17,...20 puisque (5+i)16(239-i)4=-681386607803576157184)
La formule provient du fait que le logarithme néperien est défini en complexe
par
ln(a+ib)= où p est entier relatif, et la propriété ln(ab)=ln(a)+ln(b) fait le reste...
5) du même genre : avec k, a, b entiers
si et seulement si (1-i)k(a+i)m(b+i)n est un réel.
Essais
n remplace l'infini dans la série en haut...
n=2
: on obtient 3,14182 (3)
n=10
: 3,141592653589793294 (16)
n=50
: 72 décimales justes
on a donc une convergence d'environ 1.4n (proche de 1/0.72=1,388... trouvé au dessus)
Accélération de la convergence
Bizarrement, si le bon vieux Delta2 d'Aitken fonctionnait
bien sur la série de Leibniz de même type, il semble que les termes
de puissance (2k+1) désorientent un peu le Delta2. Son utilisation est donc moins rentable que
le calcul d'un rang supplémentaire dans la série.
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