Le Delta2 accélère, on l'a dit, de façon optimale
certaines suites. Il est conçu pour fonctionner au mieux avec les suites géométriques.
Avec celles-ci, il donne directement la limite au bout de 3 itérations, sinon il tente de deviner la limite de
cette suite. Si il ne la trouve pas, il accélèrera en tout cas la convergence.
Ses propriété sont assez extraordinaires, prenons par exemple le développement
limité de
ln(1+x)=
valable sur ]-1,1] comme chacun sait. Si l'on fait x=2, la série va diverger, bien sûr. Eh bien ce cher
Delta2
va le faire converger pendant quelque temps!!! Regardez plutôt :
ln(3)=1,0986...
Avec la série au rang 8, on a -19,31 (!)
Avec le Delta2 itéré 2 fois, au rang 8, on a 1,0979
Après on recommence à s'éloigner de la vraie valeur. Mais que des
valeurs complètement fausses dans la série donnent une bonne valeur avec
le Delta2,
c'est assez fabuleux, n'est-ce pas ?
En général, le Delta2 accélère toutes les suites dont le rapport de
deux écarts consécutifs converge vers une limite non nulle comprise entre
-1
et 1,
ce qui est bien sûr le cas des suites géométriques.
Le Delta2
d'Aitken est très instable numériquement car le numérateur et le dénominateur
sont proches de 0 et il faut donc calculer avec un bon paquet de décimales !
On utilisera de préférence le second membre de la formule, plus stable...
Formellement, si l'on construit tn à
partir de xn, cette dernière convergeant vers L, on dit qu'il y a
accélération de la convergence si on a :
ce qui, intuitivement, se comprend fort bien...
Nous allons construire le Delta2 et montrer qu'il vérifie bien cette propriété...
Dotons nous donc d'une suite xn convergeant vers l avec une erreur en=xn-L vérifiant
(1)
Nous allons construire une suite tn à partir de xn qui convergera plus vite vers sa limite. Ca n'est pas très
long, et sacrément constructif vous verrez !
Construction :
Supposons pour cela que (1) est exact pour tout n (sans passage à la limite...)
c'est à dire que en+1=Aen (2)
*Or, on a en=xn-L par définition donc immédiatement, on obtient
:
xn+2-xn+1=A.(xn+1-xn) (3)
*Posons maintenant xn=xn+1-xn. (4)
D'après (2) et la définition de en, il vient xn+1-L=A(xn-L) et donc L(1-A)=xn+1-Axn et enfin :
=xn- (5)
*Calculons 2xn=(xn)=xn+1-xn=xn+2-2xn+1+xn. (6)
Or, on a 1-A=1- donc, on en
déduit :
L=xn-
Mais puisque l'hypothèse de départ (1)
n'est vraie qu'à la limite, on introduit une nouvelle suite :
tn=xn- (7)
avec tn tendant vers L en l'infini
Preuve du théorème :
En bons architectes, après avoir construit cette suite, vérifions qu'elle
tient debout et converge effectivement plus rapidement !
Puisque l'on n'est plus à la limite, posons en+1=(A+ßn)en où ßn tend vers 0
*Un petit calcul rapide donne :
en=xn+1-L-xn+L=xn
2en=en+2-2en+1+en=xn+2-2xn+1+xn=2xn
Exprimons donc en
et 2en ce qui donnera xn et 2xn :
*D'une part, en+2=(A+ßn+1)en+1=(A+ßn+1)(A+ßn)en
et donc
2en=en+2-2en+1+en=(A+ßn+1)(A+ßn)en-2(A+ßn)en+en=(A-1)2en+ßn'en
où ßn'=A ßn+A ßn+1+ßn+1 ßn-2ßn tend vers 0 en l'infini
*D'autre part,
en=en+1-en=(A+ßn)en-en=(A-1+ßn)en
On remplace maintenant dans (5) et on obtient :
tn=xn-
et en divisant par xn-L=en#0 :
et le théorème est bien démontré,
il y a accélération de la convergence !
Il ne reste qu'à exprimer xn et 2xn dans tn comme au (4) et (6) pour retrouver la formule du Delta2 d'Aitken
! Après cette démo, j'espère qu'il n'aura échappé à personne la provenance du nom Delta2 de la méthode !