Georges-Louis Leclerc Comte de Buffon
(1707 - 1788)
Un élégant résultat
Si on laisse tomber une aiguille de longueur 2a sur
un parquet formé de lames de largeur 2b, la probabilité pour que l'aiguille coupe l'une
des raies de ce parquet est
Référence de l'Encyclopédie des Suites Entières
: A060294
Tranches de vie
Georges Louis Leclerc est né en 1707. Bien
sûr, son oeuvre principale est celle d'un naturaliste. Ainsi, l'Histoire
naturelle générale et particulière (15 volumes !), l'Histoire naturelle des oiseaux (9 vol.), le
Supplément à l'histoire naturelle (7 vol.) et autre Histoire naturelle des minéraux
et traité de l'aimant (5 vol.) lui vaudront la plus grande célébrité...
D'autant plus que son style est très agréable... Mais, philosophe également,
cet excellent administrateur fut membre de toutes les grandes académies européennes
et s'intéressa aux mathématiques... Tiens, tiens !.. Dans son Essai
d'arithmétique morale publié en 1777, un volume intitulé Mémoire sur le jeu du
franc carreau présente en effet le célèbre problème de l'aiguille...
Autour de
Ce problème est un des premiers à faire
intervenir les probabilités et Pi. Encore une preuve de l'omniprésence de ce nombre
en mathématiques. Evidemment, cette présence n'est pas étrangère
à la définition géométrique originelle de Pi comme périmètre
du cercle de diamètre 1... Mais le mélange subtil avec l'analyse est très
plaisant ! Tellement agréable d'ailleurs que deux preuves sont relatées
ci-dessous. Bien sûr, le plancher est supposé plat (restons dans des espaces
euclidiens !).
En fait, il ne faut pas espérer obtenir une bonne
approximation de Pi en allant simplement acheter un paquet d'aiguilles au coin de la
rue ! Une précision de 10 -3 est obtenue avec une probabilité de 95% à partir de 888 697
lancers.
Démonstrations
1) Un peu de géométrie...
Avec les hypothèses du haut de la page (longueur d'une aiguille 2a, largeur
des lames 2b)
:
Désignons
par y
la distance du milieu de l'aiguille () à la raie du bas et par ß l'angle entre l'aiguille et la raie .
Si ou alors respectivement,
l'aiguille coupe la raie du haut ou celle du bas...
Donc, il
y aura intersection si le point P défini par ses coordonnées (ß,y) appartient à la zone hachurée du graphique ci-contre :
Or, la distribution de y sur [0,2b] et ß sur [0,/2] est uniforme et donc la probabilité cherchée représente le rapport
de l'aire de la surface hachurée à l'aire du rectangle [0,2b]*[0,/2] (qui contient tous les cas
possibles). Or l'aire du rectangle est A=/2*2b=b.
Et l'aire de la surface hachurée est B=2 (les 2 surfaces hachurées ont même aire car elles sont
symétriques par rapport à la droite d'équation y=b)
d'où la probabilité cherchée est p===.
Si l'on a une grande patience, il suffit de lancer un grand nombre de fois n l'aiguille
sur le sol et de compter le nombre d'intersections. En prenant b=2 et a=1, la loi
des grands nombres nous permet de conclure que .
2) Emile Borel a aussi trouvé une démonstration astucieuse et rapide de
ce résultat de Buffon... Quelque soit sa forme, le nombre d'intersections d'une
aiguille avec le bord des lattes est proportionnel à sa longueur 2a et inversement
proportionnel à la largeur 2b des lattes. Donc il peut s'écrire sous la forme Ka / b. Reste à trouver la constante K...
Et là, astuce ! Prenons une aiguille circulaire de diamètre 2b. Son périmètre,
donc sa longueur, est évidemment 2b. Quelle que soit la façon dont elle tombe, elle coupe
exactement 2 fois les raies... donc on en déduit 2=Ka/b=Kb/b=K,
d'où K=2/ et la probabilité cherchée est !
Essais
Quelques individus patients ont tenté leur
chance au lancer d'aiguilles... Notamment Wolf en 1850 qui se munit de 5000 aiguilles avec a=0.8b et observe 2532 intersections ce qui l'amène à l'approximation =3.1596.
Pour ma part, je n'ai pas encore essayé. A mon sens, le principe est surtout
intéressant, mais l'expérimentation est longue et peu efficace, ce qui
limite l'intérêt. Mais rien n'empêche d'automatiser le processus !
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