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L'Edito
Mars - Avril 2001
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de votre serviteur
Les anciens éditos pour les nostalgiques...
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Bonjour à tous !
En ce mois de mars, c'est une petite révolution qui s'amorce pour votre
serviteur. En effet, voici mon dernier mois d'études formelles qui commence,
c'est à dire qu'après de bons et loyaux services pendant près
d'une vingtaine d'années, je vais quitter les bancs de la "classe"
pour m'envoler dans les stages et autres thèses dans un premier temps.
Le temps de la petite enfance est révolu ! Adieu bégaiements spirituels
et bachottages à la crème... Vous me manquerez !
Un changement de rythme prononcé qui ne manquera pas d'avoir une certaine
incidence sur ce site...
En effet, je serais bien incapable de vous dire si mes longues soirées
d'hiver (mais aussi d'été en fait !) seront consacrées à
mon loisir préféré, si j'aurai encore le temps, l'environnement,
la motivation, bref l'esprit pour avancer dans cette quête perpétuelle
de l'exhaustivité sur mon ami Pi...
Aïe, aïe aïe, une petit baisse de régime ?? Non, n'y pensez
pas, ce sont simplement des interrogations. Depuis plusieurs années que
je suis plongé dans les mathématiques (car c'est un bain, que dis-je,
une véritable douche parfois, croyez-moi...) et que j'ai à peu près
conscience de l'avancement de mes connaissances sur le sujet (bref, depuis
la prépa) la projection dans le futur n'a jamais cessé de m'angoisser.
Vous
me direz, c'est un mal classique, on était bien en tant qu'étudiant,
pas trop de soucis et de responsabilités relativement, une voie à
peu près tracée aux quelques échéances d'importance près
(concours !), le raisonnement est commun. On en connait même certains
qui font un peu durer le plaisir (des noms !), oh, voyons, n'en avez-vous
jamais rencontré, vraiment ?
Cela dit, maintenant que j'arrive à l'entrée de mon cursus stage/thèse,
je ne vais guère pouvoir y échapper ! Viré comme un ancien
étudiant respectable, mais qui a fait son temps !
Certes, certes, j'aurai encore le statut pendant les trois années prochaines,
mais le rythme n'aura plus guère de rapport...
En outre, ma motivation était en fait légèrement différente
lorsque je m'interrogeais sur le futur. Car, voyez-vous, en bon idéaliste
comme on en fait plus que selon les recettes de grand-mère, j'aimais
apprendre et découvrir petit à petit quelques arcanes d'une science
assez exceptionnelle comme les mathématiques. Merci sans doute à
un ou deux profs dont j'aurais aimé qu'ils illuminent d'autres élèves,
merci sans doute aussi à la pratique profonde des mathématiques.
Cette science si particulière demande en premier lieu un engagement total
dans l'apprentissage du langage, ce qui n'est d'ailleurs pas forcément
suffisant pour apporter la motivation (il n'y a qu'à voir
mon niveau en langues étrangères :-) ! ). Mais ce qui me semble
extraordinaire, c'est l'enthousiasme suscité par la reconstruction des
formules, et autres théorèmes... Si vous n'avez jamais ressenti
le plaisir provoqué par l'apparition progressive d'une incroyable formule
sur Pi sur votre papier après plusieurs heures de méditation et
délires équationnels par exemple, vous ne savez pas ce que vous
manquez ! Ah, c'est le pied... C'est intense, l'impression (illusoire !) de
mieux comprendre l'univers tout à coup, d'être comblé par son
effort solitaire et sa satisfaction de l'avoir mené à terme, d'être
fasciné par l'esthétique et la simplicité d'une expression
qui vous parait tout à coup évidente et simple d'accès alors
que le cheminement fut long et douloureux...
Car il n'y a pas science où cette maxime - à mon sens - s'applique
aussi manifestement : Les idées les plus naturelles sont celles qui viennent
en dernier. Je ne sais plus qui l'avait formulé en premier, il me semble
que c'est Hadamard. C'est en tous les cas devenu ma devise, dans la mesure
où je réfléchis assez lentement !
Dans ces instants, on regrette souvent de ne pas avoir un peu plus de puissance
mathématique dans ses pauvres neurones, mais on se contente déjà
de sa compréhension... Il me semble d'ailleurs que c'est pour cette raison
qu'un grand mathématicien n'est pas le meilleur conseiller en matière
de pédagogie, puisqu'il ne s'est pas heurté aux difficultés
du plus grand nombre, voire des amateurs... Moi qui ai tout juste pénétré
cette mêlée, je peux vous dire que j'ai assez bien conscience de
ce qui est abstraitement facile et des obstacles à peu près infranchissables
qui se dressent devant mon intuition ! Tout ce qui différencie un matheux
d'un mathématicien...
Mais
je m'éloigne - comme d'habitude ! - de ce dont je voulais vous parler...
Vous dire simplement que comme tout langage - et plus particulièrement
celui-ci - la mémoire se brouille progressivement au cours des années...
Saurai-je encore manipuler une petite série entière dans dix ans
? Cette question dramatique :-) d'apparence anodine me hante quelque peu car
c'est tout un pan de ma culture qui partirait... J'observe quelques amis sur
le net qui tentent de se remettre aux mathématiques après une dizaine
d'années de purgatoire. L'intuition ne se perd jamais vraiment, mais
les fondations à assimiler sont impressionnantes... Car si dans certaines
disciplines, on peut aborder certaines questions par le côté, en
se basant seulement sur sa propre expérience - ce qui est d'ailleurs
toujours insuffisant mais bon - ou sa culture quotidienne, le caractère
"exact" de la science mathématique (modulo le père Gödel)
oblige à de longues reconstructions des niveaux inférieurs et théories
utiles à son problème, bref à de longues séances de puzzle
spirituel et culturel...
L'enclavement des mathématiques, absolument inutiles au quotidien de
la communication avec la société, n'arrange pas vraiment les choses
!
J'observe
dans mon Ecole de statistiques certains se tourner vers les filières
informatiques, par passion, vocation ou mode et tourner un peu le dos aux
probabilités. J'espère qu'ils ne regretteront jamais leur choix
car si l'informatique est un outil, les mathématiques sont le pourquoi
et le comment de cette discipline. Bref un niveau supérieur à mon
goût... Mais vous avez tout à fait le droit de ne pas être
d'accord !
En parlant de niveau supérieur, vous imaginez bien que je me suis demandé
ce qu'il adviendrait avec les années de ma passion pour Pi et plus généralement
de l'intérêt que chacun peut porter à cette fabuleuse constante.
Quatre ans et demi de concubinage pour l'instant et les disputes ne sont pas
encore fréquentes, c'est déjà bien, non ?
Faut-il savoir passer à autre chose ou bien garder une tendresse particulière
? J'ai un peu le sentiment que je ne serai pas totalement maître de la
réponse à cette question... Faudrait-il déjà savoir où
j'en suis... Mais vous, savez-vous seulement pourquoi vous vous promenez sur
cette page à la recherche d'une quelconque réponse à une fascination
peut-être inconsciente ?
Non, décidément, Pi ne se laisse pas facilement cerner, il y a autre
chose par derrière... Vous avez une petite idée ?
D'accord, alors pour l'instant je garde la mienne, et on se donne rendez-vous
dans dix ans pour en reparler... Pour que vous puissiez me sauver de l'indifférence
qui m'aura peut-être gagné...
Pi, viens à mon secours !
Boris
A bientôt pour de prochaines aventures au pays de Pi le merveilleux (environ
tous les deux mois).
Salut !
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